Des habitants de nos cours d'eau
La loutre d'Europe
Le Syndicat souhaite vous faire découvrir, au fil de ses actualités, quelques habitants de nos cours d'eau...C'est au tour de la Loutre d'Europe.
En phase de recolonisation, la Loutre d’Europe s’installe sur la partie amont bassin versant de la Save. Elle se déplace entre différents cours d’eaux entre la Gesse, la Seygouade, la Save et l’Aussoue.
Son pelage est de couleur brunâtre voire marron avec des zones grisâtres plus claires sur la gorge, la poitrine et le ventre. Sa forme du corps fuselée, sa tête allongée et aplatie ainsi que ses doigts palmés sont des adaptations physiologiques et morphologiques au milieu aquatique. Ces spécialisations anatomiques font de la loutre un animal parfaitement hydrodynamique, efficace pour la nage en surface et en plongée. Malgré l’idée reçue, le temps de plonge en apnée ne dépasse guère la minute.
Par son anatomie, la Loutre d’Europe fréquente régulièrement des habitats aquatiques comme les fleuves et rivières aux cours lents à rapides. Selon la disponibilité de l’alimentation et des zones à gîte, elle se déplace dans les tourbières, les lacs, les étangs et d’autres milieux aquatiques parfois secondaires (affluents de la Save, berges, bras morts et fossés…). Présente en tête de bassin de la Save, la Loutre d’Europe se sert des rivières pour assurer l’expansion de sa population. La ripisylve joue un rôle important pour la sécurité et la tranquillité des gîtes et zones de refuges. Lors de crues prolongées, quand les terriers et les gîtes sont immergés, certaines loutres trouvent temporairement refuge sur les têtes de frênes ou de saules. Cette espèce est individualiste mais tolère des voisins dans son environnement sauf ses congénères… La taille de ses domaines vitaux est en moyenne de 30 km le long des cours d’eau. Bien évidemment, son domaine vital dépend des ressources disponibles.
La loutre est désignée comme un super-prédateur, autrement dit une espèce prédatrice au sommet de sa chaîne alimentaire. Son rôle est indispensable pour le bon fonctionnement d'un écosystème comme celui de la Save, notamment pour réguler les populations. Carnivore, la loutre se nourrit majoritairement de poissons, mais aussi, dans des proportions variables, d'amphibiens, de mollusques et même de crustacés.
Pour poursuivre les poissons lors de la chasse, la Loutre d’Europe utilise sa queue par ondulations pour se propulser. Une technique de nage nommée « marsouinage ».

Restes de poissons et de crustacés repérés sur les berges de la Save (source : Baptiste Lombart)
Animal solitaire, la loutre vit en couple lors de la période de reproduction. L’accouplement se fait dans l’eau. La gestation dure 2 mois. Elle met bas dans un terrier appelé catiche et y élève les jeunes loutrons. Dans la nature, les portées sont généralement de deux. Les loutrons ne voient qu’a partir de 10 jours et sortent de la catiche après 6 semaines. Ils apprennent à nager avant d’être sevrés ! En effet, ils nagent après 4 mois tandis que 8 mois séparent leur naissance du sevrage.
Les menaces liées à la Loutre d’Europe sont d’origines anthropiques comme le piégeage et la chasse. Aujourd’hui, les causes du déclin des populations sont la destruction des habitats aquatiques, la pollution des eaux qui causent la raréfaction du peuplement piscicole, les facteurs de mortalité accidentelle ou volontaire et enfin le dérangement lié au tourisme nautique et aux sports associés.
Pour remédier à ces menaces, des mesures de gestion peuvent favoriser les populations de loutres et le processus de recolonisation. Il est impératif de veiller à la non-fragmentation des habitats, au maintien des niveaux d’eau ainsi qu’à la préservation de la qualité des eaux de surface. Pour ce faire, il est important de limiter les actions comme la rectification et l’endiguement de cours d’eau ou le bétonnage de berges. En France, un Plan National d’Actions permet de diffuser et de coordonner concrètement, sur le terrain, les actions de préservation de la Loutre et de ses habitats.
La régénération naturelle ou les plantations effectuées par le Syndicat sont des mesures favorisant le développement de la ripisylve. Cette végétation au bord des cours d’eaux permet à la loutre de construire les terriers et catiches, importante pour sa recolonisation.