Le bassin de la Save
La Save, longue de 144 km, s’écoule du plateau de Lannemezan jusqu’à Grenade sur Garonne où elle rejoint le fleuve Garonnais. Laissons le soin à Martin, notre martin pêcheur, de vous présenter plus en détail le bassin de la Save.
Bonjour à tous, accompagnez-moi au fil de l’eau pour découvrir les richesses de notre territoire. Partons de la source. La Save naît entre le péage et l’usine « KNAUF » sur le plateau de Lannemezan, un site peu bucolique. Deux battements d’ailes plus loin, le système « Neste » alimente de plusieurs centaines de litres par seconde la Save, qui commence à ressembler à un cours d’eau. Rapidement, nous nous enfonçons dans une petite vallée boisée où les infrastructures humaines disparaissent. Seules quelques prairies interrompent la continuité paisible des bois du piedmont pyrénéen. Friand de petits poissons je me régale dans ses eaux limpides grouillantes de vie. Il m’arrive de rencontrer des pêcheurs de truites à l’affût du noble poisson.
Quelques kilomètres plus loin, nous traversons St Plancard et Larroque, les premiers villages où la Save est une belle rivière dynamique arrachant et déposant, au gré de ses humeurs, les galets issus de l’ancien glacier du plateau Lannemezanais. La végétation rivulaire composée de nombreux aulnes façonne la vallée agricole, où nous apercevons au loin les gorges de la Save. Au détour d’un méandre, je survole les magnifiques vestiges de la villa gallo-romaine de Montmaurin avant mon entrée dans les fameuses gorges de la Save.
Me voilà en ce lieu étrange, où le poids de l’histoire des hommes se mêle à la diversité faunistique et floristique des affleurements calcaires. Les falaises laissent apparaître les traces des premiers hommes dont la Vénus de Montmaurin en est le témoin. Durant l’âge du bronze, l’antiquité et le moyen âge, les hommes ont continué à occuper ces lieux, aujourd’hui chargés d’histoires et de légendes.
Après avoir plongé dans les couloirs du temps, je reprends le cours de la Save où je fais une petite halte sur le pont romain de Charlas Avezac. La vallée s’est élargie mais avec une particularité asymétrique. La rive gauche en pente douce est largement dominée par l’activité agricole. La rive droite très pentue est en grande partie colonisée par des bois de chênes. Cet aspect morphologique est visible jusqu’à la confluence avec la Gesse, aux portes du Gers. Des gorges à la Garonne, les flots de la Save sont régulièrement interrompus par les moulins témoins d’une activité hydraulique jadis intense. Les seuils rythment les eaux, alternant portion calme et portion vive. Avant de basculer dans le territoire gersois, je fais une pause à L’Isle en Dodon. Cet ancien chef-lieu de canton, orné par son église fortifiée datant du XIIème siècle, a été le théâtre de faits tragiques en 1977. 5 personnes ont trouvé la mort lors de la triste et célèbre crue du 7 et 8 juillet.
Poursuivons notre balade. La confluence avec la Gesse, le principal affluent de la Save, marque véritablement l’entrée dans le pays Gersois. Dans la traversée du département du Gers, la vallée de la Save est fortement occupée par l’agriculture céréalière et du gras, avec le célèbre marché au gras de Samatan. Jusqu’à L’Isle Jourdain la Save est strictement encadrée par des digues de terres protégeant de façon illusoire la plaine agricole.
A partir de L’Isle Jourdain la vallée de la Save se trouve sur le territoire de ce que l’on appelle la troisième couronne Toulousaine. C’est une vallée à la fois agricole avec des « villages » qui ressemblent davantage à de petites villes rythmées par la vie économique toulousaine. L’agriculture est un petit peu plus diversifiée qu’en amont de L’Isle Jourdain. La Save est large, tranquille, paisible et nous dévoile entre deux seuils de moulins des bras morts de plusieurs centaines de mètres. Ces milieux sont particulièrement riches et intéressants. Et nous voilà presque arrivés au terme de cette balade. Avant de rencontrer le fleuve, nous traversons Grenade, dernière ville chargée d’histoire, dont le bourg construit en damier est remarquable. Ça y est, nous y sommes. Nous venons de parcourir 144 km aussi riches en histoire qu’en paysages variés. Les eaux de la Save teintées par les terres des coteaux se mêlent aux eaux fougueuses de la Garonne. Si vous venez découvrir la vallée de la Save, essayez de me voir, et qui sait, peut-être que je vous conterai d’autres belles histoires...